André et René Tremblay

Préparation des salines pour la chasse à l'orignal

Personne

Intérêt patrimonial

André et René Tremblay, chasseurs d’orignal depuis plus de 30 ans, préparent des salines en vue de cette chasse. C’est à la fin des années 1970 qu’ils débutent leur apprentissage de cette technique auprès de chasseurs métis. Au fil des années, ils ont perfectionné leurs techniques, leurs connaissances de l’orignal et du territoire de chasse. La fille de René a également appris ce savoir-faire bien qu'elle ne le met pas en pratique. L'intérêt patrimonial de la préparation de salines repose sur son ancrage historique et territoriale, le Saguenay-Lac-St-Jean étant un lieu propice à la chasse.

Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire


La préparation des salines est une étape primordiale du processus de la chasse à l'orignal. Durant l'hiver, André et René Tremblay transportent les sacs de sel et de soufre par motoneige jusqu'à leur camp de chasse du lac Balancine situé à même leurs territoires de chasse. Ces produits sont donc entreposés à cet endroit jusqu'au printemps. Dès le mois d'avril, la préparation et l'entretien des salines commencent. Une saline est un endroit en forêt (vasière, marais) où l'on note la présence d'eau, une température plus fraîche ainsi qu'une végétation moins diversifiée (épinette noire dominante). Il s'agit d'un lieu de repos pour les orignaux durant l'été et l'automne, surtout en temps de grandes chaleurs. C'est un lieu humide préalablement fréquenté par les orignaux et ensuite choisi par les chasseurs. En fait, ce lieu devient saline quand le sel et le soufre y sont ajoutés et qu'un entretien régulier y est fait.
André et René Tremblay disposent d'une saline principale et de trois salines secondaires. La plus grande saline, située en plein cœur du territoire de chasse principal, est développée depuis une vingtaine d'années. Il s'agit d'une cuvette naturelle à l'intérieur des collines environnantes, donc de l'endroit le plus bas et où s'accumule l'eau. La saline comporte plusieurs portent d'entrée (plus de six), chemins tracés avec le temps par les orignaux. Tous ces chemins convergent vers le centre de la saline, endroit névralgique où l'on retrouve de l'eau et de la boue en abondance. Au centre, sur un vieux tronc d'arbre, les frères Tremblay accrochent un bloc rouge de sel bien en vue. Ce bloc sera léché du printemps à l'automne par les orignaux. Autour de ce point central, ils saupoudrent une bonne quantité de sel et de souffre sur l'eau et la boue. Il peut être répandu à partir du printemps (avril) jusqu'au temps de la chasse en automne et cela de deux à trois semaines d'intervale. Vers la fin de juillet, le sel est moins employé et cède sa place au soufre en poudre (d'une odeur différente appréciée des orignaux), utilisé dans la saline pour enlever l'acidité du sel. Ce dernier est donc plus facilement assimilable pour les orignaux. Parfois à la même période, André et René ajoutent des blocs de sucre à l'érable, produit dont les orignaux raffolent. Les endroits les plus importants sont les entrées de chaque corridor. Il importe d'ailleurs d'entretenir les corridors de façon à laisser la voie libre aux bêtes. Pour ce faire, les frères Tremblay enlèvent les arbres morts nuisibles qui sont tombés durant l'hiver ou après de forts vents. Si l'essentiel des lieux relève d'une disposition naturelle, certains aménagements sont issus de la main de l'homme. Cette saline est fréquentée par plusieurs orignaux, mais en des temps différents. Généralement, les mâles ne viendront pas avec les femelles et leurs veaux.
Des pistes à proximité et des éclaboussures de boue sur les troncs de la saline indiquent que les orignaux s'y rendent pour se reposer à la fraîche, pour se rouler dans la boue afin de contrer les insectes nuisibles et pour y boire tout en y absorbant le sel dont leur organisme a besoin. Les salines servent donc à attirer les orignaux dans un secteur qu'ils fréquenteront continuellement jusqu'au temps de la chasse. Il s'agit d'une aire de repos, l'aire d'alimentation étant située plus en hauteur sur les buttes des environs où poussent des arbres feuillus. La saline principale d'André et René Tremblay est située dans une cuvette marécageuse en forêt, près du lac Balancine où l'on retrouve de l'eau et de la vase. Le ruissellement naturel des montagnes environnantes y descend, ce qui crée un milieu humide à la végétation moins diversifiée (conifères). C'est un endroit plus frais propice à la venue des orignaux, une aire de repos convoitée en temps de grandes chaleurs. Les différents corridors ou chemins utilisés vers le centre du marécage par les bêtes le compare à un carrefour. L'ajout de sel et de soufre ainsi que l'entretien des chemins sont les seules interventions des chasseurs en ce lieu. Ces derniers disposent aussi d'un mirador (plate-forme dans les arbres) à quelques dizaines de mètres de la saline pour appeler, observer et chasser l'orignal le moment venu.


Apprentissage et transmission


Quelques années après avoir commencé à chasser l'orignal, André et René Tremblay apprennent les rudiments de la préparation des salines en côtoyant et observant les vieux chasseurs métis de la région du mont Valin. L'apprentissage de la préparation des salines se déroule sur plusieurs années. Cela requiert une compréhension approfondie de l'environnement et des mœurs de l'animal sur le territoire. Les frères Tremblay perfectionnent en même temps, de manière autonome, cette technique primordiale faisant partie du processus global de la chasse à l'orignal. Certaines connaissances ne s'apprennent qu'avec le temps et la pratique, dans leur contexte de réalisation. Plusieurs essais, avec succès ou non, sont nécessaires pour faire l'apprentissage de cette pratique. Mise à part certaines connaissances et amis, René Tremblay a montré la pratique de façon plus détaillée à sa fille. En effet, lorsqu'il a activé de façon plus soutenue la saline principale il y a une douzaine d'années, sa fille l'accompagnait durant toutes les étapes de réalisation. Aujourd'hui, même si elle ne chasse pas, la fille de René connaît en détail cette pratique et les lieux de son exécution. René avait même baptisé cette saline en l'honneur de sa fille.

Historique général


André, né en 1945, et René, né en 1943, fréquentent le lac Balancine depuis les années 1970. Les deux frères résident 6 mois à Chicoutimi durant la saison hivernale et au lac Xavier l’autre moitié de l’année, dans la municipalité de Saint-Fulgence. Ils détiennent une formation de niveau universitaire, le premier en génie et le second en administration (finances). Le camp de chasse au lac Balancine est utilisé comme mode d'habitation lors des activités saisonnières de pêche et de chasse. Ils s'y rendent soit par un sentier pédestre, mais plus fréquemment en véhicule tout terrain (4 roues) par un petit chemin escarpé contournant les montagnes du secteur du lac Xavier. Il s'agit de la seule façon de se rendre au camp de chasse métis qu'ils détiennent depuis le début des années 1980, en bordure du lac. C'est un endroit peu fréquenté par les autres pêcheurs et chasseurs. Les frères André et René Tremblay pratiquent la chasse à l'orignal depuis 1978. Ils préparent activement les salines depuis 25 ans. Avant 1978, les deux frères chassaient la perdrix.


Autre localisation

  • Lieu-dit : La préparation des salines pour la chasse à l'orignal se déroule au lac Balancine, dans les contreforts du mont Valin, sur la rive nord du Saguenay

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Pascal Huot et Mathieu Tremblay
  • Date d'entrevue : 2008-07-04
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Mathieu Tremblay

Sons

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