Mi-Carême à Fatima

Gérard A. Leblanc, Jacques Aucoin et Jeanne Arseneau

Ils reçoivent les « mi-carêmes ».

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

Autrefois fêtée dans plusieurs villages des Îles-de-la-Madeleine et ailleurs au Québec, la Mi-Carême se perpétue désormais à trois endroits, dont à Fatima. Les Madelinots, jeunes et moins jeunes, et les touristes parcourent les rues de Fatima, déguisés de la tête aux pieds, pour festoyer dans les maisons où la tradition est à l'honneur. La musique traditionnelle de la région et les boissons alcoolisées locales sont mise en valeur lors de ces veillées de la Mi-Carême. Rapidement initiées, les nouvelles générations s'approprient et contribuent à la pérennisation de cette tradition.

Description de la forme d'expression


"
La Mi-Carême est une vieille tradition catholique qui consiste essentiellement à défiler dans les villages, de maison en maison, accoutré de costumes les plus originaux, sans être démasqué. Encore bien vivante aux Îles-de-la-Madeleine, la Mi-Carême est l'un des événements festifs les plus attendus de l'année et les préparations entourant cette vieille tradition commencent plusieurs semaines avant le début des célébrations. Chaque année, au mois de mars, des centaines de personnes déguisées, communément appelées « mi-carêmes », envahissent le village de Fatima en petits groupes, où une cinquantaine de résidences ciblées attendent avec impatience leur arrivée. Ces maisons sont identifiées à l'aide de lumières de Noël et autres décorations. À l'intérieur, le plancher est souvent recouvert de carton et des chaises sont installées ici et là pour accueillir les « mi-carêmes ». Il est à noter également que les autorités municipales assurent la sécurité dans les rues de Fatima. Comme le veut la tradition, ceux et celles qui reçoivent les « mi-carêmes » tentent de les démasquer, soit en les observant, en les touchant ou en les écoutant jouer de leurs instruments de musique. Certains « mi-carêmes » vont même jusqu'à déguiser leurs instruments pour ne pas être reconnus. Mais certains Madelinots et Madeliniennes sont néanmoins passés maîtres dans l'art de reconnaître les « mi-carêmes ». Ce n'est qu'une fois démasqués que les « mi-carêmes » ont droit à un verre de bière ou de bagosse, ainsi qu'à des amuse-geules fournis par les hôtes. La musique traditionnelle acadienne et québécoise est au cœur de la célébration et, comme l'archipel regorge de musiciens, il n'est pas rare de voir des « mi-carêmes » jouer du violon, de la guitare, de la mandoline, de l'accordéon et autres instruments (Voir la fiche sur la musique traditionnelle aux Îles-de-la-Madeleine). Les gens commencent à « courir la Mi-Carême » vers 19h00 et les veillées se terminent souvent aux petites heures du matin. Certains, comme Jacques Aucoin et Jeanne Arseneau, ferment leur porte à 5h00 du matin... La fête s’échelonne sur trois jours, soit le mercredi, le jeudi et le vendredi. La Mi-Carême n'est pas une fête réservée à la population des Îles-de-la-Madeleine, les touristes peuvent également y participer. Mais comme ils peuvent difficilement être reconnus, ils sont plus souvent qu'autrement spectateurs de la mascarade. Pour vous donner une idée de l'ampleur de l'événement, en 2008, Gérard A. Leblanc a accueilli pas moins de 1208 « mi-carêmes » à son domicile, tandis que Jacques Aucoin et Jeanne Arseneau en ont accueilli quant à eux plus de 1400 durant les trois jours de festivités.

Apprentissage et transmission


Les jeunes Madelinots sont vite initiés à la coutume de la Mi-Carême. Selon Jeanne Arseneau, les enfants de Fatima et même d'ailleurs aux Îles-de-la-Madeleine préfèrent la Mi-Carême aux autres fêtes populaires telles que Noël et le jour de l'An. De la sorte, les nouvelles générations s'approprient sans cesse cette tradition et la perpétuent à leur tour. La Mi-Carême est une fête catholique et francophone qui remonte au Moyen-Âge. Elle se perpétue dans certains villages de France, du Québec et d'Acadie. Aujourd'hui, cette vieille tradition persiste à seulement trois endroits au Québec, soit à Fatima, à l'Isle-aux-Grues et à Natashquan.

Historique général


La Mi-Carême était jadis célébrée dans plusieurs villages des Îles-de-la-Madeleine, notamment à Pointe-aux-Loups et à L'Étang-du-Nord. Mais depuis les années 1970, la tradition se perpétue essentiellement à Fatima. Il est intéressant de noter que cette coutume s'est perpétuée à Fatima depuis des dizaines de générations sans rupture de contact. Certains aînés nous ont d'ailleurs confirmé que la Mi-Carême avait toujours existé aux Îles-de-la-Madeleine. La coutume de la Mi-Carême a néanmoins évolué au fil du temps. À l'époque, par exemple, les « mi-carêmes » entraient dans n'importe quelle maison, tandis qu'aujourd'hui, les maisons sont ciblées d'avance selon le désir des propriétaires d'accueillir les « mi-carêmes ». Certaines pratiques culturelles associées à la Mi-Carême se sont néanmoins perpétuées, comme celle de jouer de la musique traditionnelle acadienne et québécoise, et celle de consommer de la bagosse ou de la « bière des îles », sortes de boisson alcoolique artisanale fabriquée traditionnellement aux Îles-de-la-Madeleine (Voir la fiche d'inventaire concernant la bagosse des Îles-de-la-Madeleine). Depuis plusieurs années, la Mi-Carême est supervisée par un comité de citoyens faisant la promotion de l'événement. Ce comité organise un festival associé à la Mi-Carême dans le cadre duquel des activités liées à la culture et au financement sont organisées. L'une des actions du comité est de soutenir, par des commandites de boisson et de nourriture, ceux et celles qui reçoivent les « mi-carêmes » à leur domicile.

Autre localisation

  • Arrondissement : Fatima

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Marc-André Complaisance
  • Date d'entrevue : 2008-08-15
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Marc-André Complaisance

Sons

Photos

Facebook

Partenaires

La réalisation de l’Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel a été rendue possible grâce à l’appui de nos partenaires.

  • Logo - Conseil québécois du patrimoine vivant
  • Logo - Chaine de recherche du Canada en patrimoine ethnologique
  • Logo - Musée québécois de culture populaire
  • Logo - Société Québécoise Ethnologie

© 2024 Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique, Université Laval