Chasse à l'oie blanche à l'Isle-aux-Grues

Gilles Roy

Chasseur d'oie blanche

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

L’oie blanche est l’emblème de l'Isle-aux-Grues, lieu d’escale privilégiée par cet oiseau. Les familles, comme celle de Gilles Roy, se transmettent les savoir-faire reliés à la chasse à l’oie de génération en génération. Ainsi, l’oie blanche a longtemps été un aliment de subsistance des insulaires.

Description de la forme d'expression


Depuis que l'Isle-aux-Grues s'est peuplée, l'oie blanche a longtemps été un des principaux aliments de subsistance de la population insulaire. L'Isle-aux-Grues est une escale privilégiée par la grande oie blanche lors de sa migration, puisque tous les ans on dénombre sur les battures de l'Isle entre 250 000 et 700 000 oies blanches, parfois même un million, nous explique Gilles Roy. Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que l'oie soit devenue l'emblème de l'Isle. Par conséquent, la grande majorité de la population est adepte de la chasse à l'oie et, à l'automne, l'Isle-aux-Grues est envahie par les touristes qui viennent d'aussi loin que les États-Unis et l'Europe pour y chasser. Lorsque la saison de la chasse débute, l'Isle-aux-Grues devient une immense pourvoirie. Tous les lieux d'hébergement sont complets et des caches sont aménagées sur l'ensemble de l'Isle pour permettre aux chasseurs de se camoufler pour chasser. Les caches sont creusées à même le sol ou sont construites à partir de jonc ou de foin. Ancien guide de chasse pendant 25 ans, Gilles Roy chasse pour son plaisir depuis son enfance. Tous les touristes qui viennent sur l'Isle pour chasser doivent être accompagnés d'un guide dont le mandat est d'assurer le respect des règlements et du territoire mis en place par la Corporation de la Sauvagine. Si l'oie blanche est la principale espèce d'oiseaux chassés sur l'Isle-aux-Grues, d'autres espèces sont aussi abattues durant cette période de chasse. Comme le raconte Gilles Roy, les oies blanches sont si abondantes qu'il suffit de les tirer de son balcon et de tendre le chaudron pour les attraper. La chasse à l'oie blanche se déroule à l'automne. Depuis 2006, il est aussi possible de chasser au printemps. La technique de chasse consiste, dans un premier temps, à installer des appâts. Les insulaires utilisent deux types d'appâts : les appelants (forme d'oie en béton moulé qui ne flotte pas à cause de son poids et qui reste donc en place sur les berges) et les «babouins» (nom donné par les ancêtres de l'Isle-aux-Grues aux appâts en forme d'oie et fabriqués en papier mâché). Les appâts sont disposés sur les berges, ce qui permet aux chasseurs d'attirer les oies blanches à l'endroit désiré, puisqu'elles croient que ce sont de vraies oies. Ces appâts sont toujours placés de manière à ce que les oies soient obligées de survoler les caches où se camouflent les chasseurs qui attendent que les oies volent au-dessus de leur tête pour tirer. Ces derniers visent toujours quelques mètres à l'avant de l'oie, en tenant compte de sa vitesse et de sa distance. Les fusils n'ont qu'une portée de 150 pieds. De plus, les chasseurs abattent toujours les oiseaux en plein vol. Comme la population de l'oie est en pleine expansion, chaque chasseur a le droit de tuer un maximum de 20 oies par jour. Les insulaires consomment les oies qu'ils abattent. Plusieurs mets sur l'Isle-aux-Grues sont cuisinés à base d'oie (ragoûts, ballottines, poêlées). Le plumage est, quant à lui, parfois utilisé pour faire des plumeaux. Plusieurs permis sont nécessaires pour pouvoir pratiquer la chasse à l'oie blanche sur l'Isle-aux-Grues. Dans un premier temps, il faut détenir un permis de port d'armes, il faut aussi avoir un permis permettant l'achat d'armes. Finalement, il est obligatoire d'avoir les permis de chasse provincial et fédéral. L'acquisition des permis et l'achat de l'équipement nécessaire à la chasse coûtent à chaque chasseur entre 7000$ et 8000$. Pratique traditionnelle, la chasse à l'oie est une activité où la femme s'introduit dans les groupes d'hommes. Ainsi, plusieurs femmes de l'Isle-aux-Grues perpétuent elles aussi la tradition.


Apprentissage et transmission

Gilles Roy a appris les techniques de la chasse à l'oie au contact de son père et des autres hommes de l'Isle-aux-Grues. De plus, il a déjà pris des cours de tir qui se donnaient à l'occasion sur l'Isle-aux-Grues. La plupart des insulaires pratiquant la chasse suivaient cette formation. À l'Isle-aux-Grues, les jeunes apprennent à chasser l'oie blanche en accompagnant les adultes durant la période de chasse à l'automne. Les insulaires se transmettent leur savoir d'une génération à l'autre. Ayant été guide de chasse pendant 25 ans, Gilles Roy a eu plusieurs occasions de transmettre ses connaissances de la chasse à l'oie.

Historique général

Natif de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, Gilles Roy est marié depuis 38 ans (2007). Jusqu'à présent, Gilles Roy a vécu presque toute sa vie sur l'Isle-aux-Grues. Il a vécu pendant dix ans en dehors de l'Isle-aux-Grues. Il a été propriétaire d'un restaurant pendant 18 ans, commerce qu'il a vendu en 2004. Gilles Roy est maintenant à la semi-retraite. En plus de travailler pour Hydro-Québec à temps partiel, Gilles Roy s'occupe de visites touristiques à l'Isle-aux-Grues depuis quelques années. Ainsi, pendant la saison estivale, il fait des visites guidées à l'aide d'un petit train tiré par un tracteur. Il a lui-même fait les recherches et rédigé les éléments thématiques qu'il aborde durant la visite de l'Isle-aux-Grues.


Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Maude Redmond Morissette
  • Date d'entrevue : 2007-07-30
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Maude Redmond Morissette

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