Festival du Bleuet

Hugues Beaulieu et M. et Mme Ouellet

Hugues Beaulieu est président du festival depuis 2006, au sein du comité organisateur depuis 2000. M. et Mme Ouellet sont des collectionneurs d'outils relatifs à la cueillette des bleuets, fabricants et vendeurs de tartes aux bleuets - Quelques visiteurs

Forme d'expression

Intérêt patrimonial

Le Festival du bleuet est un événement qui mobilise la communauté locale. Le bleuet, symbole de la région du Saguenay-Lac-St-Jean où il pousse en abondance, est un thème rassembleur pour la population locale. L’événement est notamment une occasion de déguster certains mets contenant des bleuets.

Description de la forme d'expression

Chaque année, le Festival du bleuet de Dolbeau-Mistassini invite la population de la région et les touristes à venir fêter l'emblème et l'identité culturelle des gens de cette belle région : le bleuet. D’une durée de cinq jours, la première semaine d'août, le festival a attiré 60 000 visiteurs en 2007. Il suscite la participation de 18 organisateurs et entre 250 et 400 bénévoles. « Ce festival a toujours gardé une dimension très familiale avec une journée réservée aux personnes âgées avec des danses folkloriques, une pour les enfants avec des clowns, des amuseurs, des petits spectacles adaptés et une autre pour la famille avec des jeux gonflables et des compétitions. C'est la fête pour toutes les générations », précise Hugues Beaulieu, président du festival. De nombreux concerts mettent en vedette de talentueux groupes, chanteurs et musiciens. Les amateurs de chant peuvent également participer à un concours le « Prix de la chanson ». Chaque année, la chanson thème du festival, « Le Blues de l'abondance », écrite et composée par Réginald Guay, est interprétée par Mario Pelchat et les festivaliers reprennent en chœur « C'est la fête du pays de mon enfance. La Fête au cœur des amoureux... du pays bleu. Comme un blues à notre appartenance. Bleu de bleuet. Bleu le blues de l'abondance (...) ». Sur le site du festival sont vendus des bleuets enrobés de chocolat noir ou au lait, fabriqués depuis quelques années seulement par les moines trappistes de Dolbeau-Mistassini, résidant aujourd'hui au monastère de Saint-Eugène. Ces délices sucrés sont confectionnés une seule semaine par an pour conserver la fraîcheur du fruit. À l'occasion du festival, une tarte géante, de 60 pouces de diamètre et composée de 200 livres de bleuets, est également confectionnée par un artisan de la région, Dany Boutin, pour l'entreprise Métro. La tarte est apportée sur les lieux du festival par six hommes et dégustée par les festivaliers dans l'après-midi du samedi. La même journée, dans la soirée, de 700 à 1000 personnes, familles, amis, se retrouvent autour d'un souper populaire dans la rue. Le dimanche matin est donnée une grand-messe à l'église, suivie d'un brunch familial. Autre activité : une chasse au trésor, « Le bleuet trésor », consiste à découvrir dix énigmes très subtiles, cachées dans les rues de la ville. Une compétition amicale des pompiers se tient également pendant trois jours sur le site du festival et nombreux sont les partisans venus les encourager. Vingt-quatre équipes provenant des différentes villes de la province se disputent la première place au cours des cinq épreuves où chaque participant doit démontrer ses performances physiques et habiletés. Le tout, selon les standards établis et les normes de sécurité en vigueur. Cette compétition se veut une rencontre amicale et c'est dans un esprit de groupe et de camaraderie que se déroulent les différentes épreuves. Le festival est clôturé par un grand défilé de nuit, de plus de deux heures, unique au Québec, où amuseurs de rue, artistes, chars allégoriques, entraînent environ 10 000 festivaliers dans un monde féerique, au son du Blues de l'abondance. Toutes les activités du festival sont regroupées sur le terrain de l'école primaire Notre-Dame-des-Anges. Cette dernière met gracieusement à la disposition son espace pour le temps du festival. Les concerts se déroulent sur une scène extérieure, les spectacles pour enfants et les danses folkloriques sont accueillis sous un immense chapiteau. À proximité, plusieurs kiosques et terrains de jeux sont installés.

Apprentissage et transmission

« Dans toutes les familles de la région, le festival du bleuet est devenu comme une tradition. Les gens originaires du Lac Saint-Jean expatriés par leur travail appellent leur famille pour réserver des places pour le festival des bleuets (…) C'est une belle occasion de se retrouver en famille et de placotter », explique Hugues Beaulieu. En effet, les gens se retrouvent notamment autour d'un souper dans les rues où chacun apporte un mets ou vient profiter du menu proposé. Quatre-vingt-quinze pour cent des visiteurs sont des locaux ou des personnes ayant de la famille dans la région. Les bénévoles sont également souvent de la même famille ou des amis. D'ailleurs, Hugues Beaulieu souligne que « les gens du Lac Saint-Jean sont réputés pour leur sens de l'amitié et leur convivialité ». « Concernant la confection de tartes aux bleuets, les recettes varient d'une mère de famille à l'autre. Mais en général, c'est une couche de pâte, une couche de bleuets, une couche de sucre et une couche de pâte. Chez nous, par contre ma mère faisait des 'sides', des trottoirs en anglais, c'est-à-dire une tarte très plate, découpée en carreaux », raconte Hugues Beaulieu. M. et Mme Ouellet, fabricants et vendeurs de tartes aux bleuets, expliquent encore que « certains font cuire les bleuets avant de les intégrer dans la tarte. Nous, on met juste la pâte, les bleuets, un peu de farine pour épaissir, un peu de sucre, pis encore des bleuets, un peu de farine et un peu de sucre et une autre couche de pâte. On laisse cuire entre une heure et une heure et quart ». Dans la région, quelques artisans seulement commencent à produire des produits à base de bleuets : des savons, des gelées, des confitures, des bières, etc.

Historique général

Le bleuet est un fruit de la même famille que la myrtille. « Au Québec, il arrive à maturité en juillet, parfois avant la framboise, souvent en même temps. Il pousse abondamment dans les terres acides ou tourbeuses. Après un feu de forêt, comme la framboise, il est une des premières plantes à réoccuper l'espace. Ce n'est pas avant le XXe siècle qu'on songera sérieusement à mettre au point des variétés cultivées de bleuets. Néanmoins le succès de ces recherches horticoles n'ira pas de soi. Les botanistes découvriront que le bleuet est bien adapté au climat québécois, mais qu'il n'offre pas pour autant une bonne résistance à la gelée. Sa protection contre le froid lui vient de l'épaisseur de la neige et de sa petite taille, plutôt que de conditions physiologiques. Aussi il s'avérera beaucoup plus difficile que pour les autres petits fruits de produire des variétés rustiques ». (Jean Provencher, 1982, C'était l'été - La vie rurale traditionnelle dans la vallée du Saint-Laurent, Boréal Express, Montréal, p. 133-134). À Dolbeau-Mistassini, la légende raconte qu'« à la fin du XIXe siècle, à Saint-Lucien, pendant une période de sécheresse, quelqu'un aurait oublié un chaudron sur le feu. En quelques heures, le vent aidant, le tour complet du Lac Saint-Jean a été incendié et toutes les récoltes ont été perdues. Mais quelques jours plus tard, les paysans désespérés se sont aperçus que des bleuets repoussaient très rapidement. C'est grâce à cet incendie que la production est si intense dans la région », relate Hugues Beaulieu. En effet, le bleuet sauvage est récolté en grande quantité au nord du Lac Saint-Jean, région la plus productrice du Québec. « Il y pousse deux variétés de bleuets. Les bleuets noirs qui grandissent sur des 'talles' sont plus sucrés que les bleuets bleus. Mais les bleus poussent en plus grande quantité », explique Mme Ouellet, fabricante de tarte. Autrefois les familles partaient en forêt cueillir le bleuet durant quatre à six semaines, entre août et septembre, et se construisaient des cabanes que l'on appelait « des camps de bleuetteux », raconte Mme Ouellet en montrant une reproduction de ce type de bâtisse dans son jardin. Elle y expose tous les outils liés à la cueillette du petit fruit : le gros peigne et la griffe d'ours pour la cueillette, le collier de portage pour stocker la récolte, le vanneur pour nettoyer le bleuet de ses feuilles et de ses branches, etc. Aujourd'hui, quelques familles de la région du Lac Saint-Jean ont encore leur propre bleuettière, ramassent les fruits à la main ou au peigne et les revendent à des acheteurs responsables d'usines. L'une de ces entreprises, installée à Dolbeau-Mistassini, congèle le bleuet destiné à l'exportation. L'idée d'un festival du bleuet est née en 1960, de la volonté d'un notaire de la commune, Georges Villeneuve, désirant valoriser l'appellation qui était donnée aux habitants de la région du Lac Saint-Jean, « Les Bleuets », par ceux de l'extérieur. La première édition du festival ne connut pas un franc succès, mais petit à petit l'évènement, très familial, se fit connaître. Dans les années 1980, le festival subit un déficit économique et sa durée fût donc réduite de dix à cinq jours. Mais depuis 2000, la notoriété de l'évènement ne cesse de croître et sa situation financière est régularisée. « La vente de passeport a doublé de 2000 à 2007 », précise le président. En 2007, Dolbeau-Mistassini, devenue capitale mondiale du bleuet, a fêté sa 47e édition du Festival, avec 60 000 visiteurs. Hugues Beaulieu précise qu'à une époque les habitants de Dolbeau décoraient leur maison aux couleurs du bleuet, mais cette tradition a perdu en popularité d'année en année. Les seuls ayant maintenu ce rituel sont M. et Mme Ouellet, des passionnés du bleuet, qui chaque année illuminent leur maison et leur jardin de lumières bleues, de sculptures en forme de bleuet et d'une tarte géante en papier mâché qu'ils confectionnent eux-mêmes. Cette décoration est visible du début juillet au début septembre. Ils proposent également la vente de nombreux mets à base de bleuets : tarte, confiture, mille-feuilles, « péchés » à la crème pâtissière, muffins, poudings, tourtières, pizzas et bien sûr des chocolats.

Localisation complémentaire

  • Site web : http://www.festivaldubleuet.qc.ca

Sources

  • Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Linda Guidroux
  • Date d'entrevue : 2007-08-04
  • Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Linda Guidroux

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