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Intérêt patrimonial
La famille Coutu exerce le métier de meunier de père en fils depuis trois générations. Le métier se transmet ainsi au sein de la cellule familiale. Il a recourt au même moulin, datant des années 1850, pour produire de la farine de sarrasin. Il s’agit de l’un des derniers moulins situés le long de la rivière Bayonne encore en activité.
Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire
À l'aide d'un moulin à eau, soit le moulin A. Coutu datant du milieu du 19e siècle, Alain Coutu se spécialise dans la production de farine artisanale. Si à une certaine époque le moulin produisait plusieurs variétés de céréales, il se contente maintenant de faire de la farine de sarrasin. Très importante pour la population de la région de Lanaudière, la céréale de sarrasin a permis à de nombreuses familles de survivre lors de périodes économiques plus difficiles. La galette de sarrasin est donc représentative de la région de Lanaudière. Alain Coutu, meunier du moulin A. Coutu de père en fils, poursuit ainsi la tradition en produisant toujours de la farine de sarrasin. Les grains de sarrasin utilisés par Alain Coutu proviennent de la région de Lanaudière et du Lac-Saint-Jean. À l'époque du grand-père d'Alain Coutu, les gens des environs apportaient eux-mêmes leurs céréales afin d'avoir de la farine. La production de farine de sarrasin nécessite plusieurs étapes. Étant donné que le moulin à eau s'est détérioré depuis sa construction dans les années 1850, il est maintenant impossible pour Alain Coutu d'utiliser la roue et l'activité de l'eau pour faire fonctionner le moulin A. Coutu. Il doit désormais utiliser la force motrice provenant de son tracteur. Alain Coutu y voit toutefois certains avantages, puisque le moteur de son tracteur est plus rapide et plus fiable que l'eau. Afin d'obtenir de la farine de sarrasin, le meunier doit donc, dans un premier temps, verser les céréales dans la trémie. Les céréales tombent alors au centre du moulage comprenant deux meules, une pierre dormante et une pierre tournante, où elles sont cassées et broyées. Au bout de la meule tournante, des convoyeurs à godet attendent les céréales pour les transporter au bluteau afin d'être tamisées. Il y a alors séparation du son de la farine qui par la suite est emballée. Encore aujourd'hui, Alain Coutu travaille de la même façon que le faisaient son grand-père et son père. Il perpétue ainsi un savoir traditionnel en voie de s'éteindre, puisque actuellement il existe très peu de meuniers au Québec. Alain Coutu produit de la farine de sarrasin à l'aide de son moulin à eau. Situé sur la rive de la rivière Bayonne, le moulin A. Coutu a conservé son cachet original. En plus de 150 ans, peu de choses ont changé à l'intérieur et à l'extérieur du moulin. Il produit aussi, avec le nouveau moulin industriel qui a été construit à côté du moulin ancestral, plusieurs variétés de céréales, notamment la céréale de camus, de seigle, de blé mou et de blé dur. Comme l'affirme Alain Coutu, chaque meunier produit une farine particulière, sans être meilleure ou pire, elle se différencie d'un meunier à l'autre. Alain Coutu emploie deux vendeurs qui se promènent sur les routes du Québec pour promouvoir sa farine. Ainsi, en plus d'être vendue directement au moulin A. Coutu, la farine d'Alain Coutu se retrouve sur les étagères de plusieurs commerces dispersés à la grandeur du Québec et même jusqu'aux Antilles. De plus, plusieurs boulangeries font partie de sa clientèle habituelle.
Apprentissage et transmission
Selon Alain Coutu, il faut plusieurs années pour apprendre toutes les subtilités propres à chaque variété de céréale. Dans son cas, il a fallu environ huit années de travail à temps partiel auprès de son père pour acquérir les compétences nécessaires au fonctionnement du moulin et à la production de la farine. Dans la famille Coutu, le savoir entourant le métier de meunier se transmet depuis trois générations. Napoléon Coutu, grand-père d'Alain Coutu, apprend les rudiments de ce métier au contact de son beau-frère, Félix Bellerose. Il transmet à son tour ses connaissances à son fils, Aurien Coutu. Celui-ci se fait par la suite un plaisir de transmettre son savoir à ses fils. Alain Coutu passe son enfance dans le moulin A. Coutu et, dès l'âge de huit ans, il commence à travailler avec son père en effectuant de petites tâches. Vers l'âge de 15 ans, Alain Coutu est déjà en mesure de faire fonctionner seul le moulin à eau et de produire de la farine. Grâce à son père, Alain Coutu est maintenant meunier et il exerce son métier avec passion. Alain Coutu a eu la possibilité de transmettre son savoir à une seule personne, son employé. Ayant besoin d'une personne à temps plein pour l'aider, il doit prendre le temps de lui apprendre toutes les connaissances que doit détenir un meunier. De plus, Alain Coutu espère avoir l'occasion de transmettre son savoir familial à son fils. Celui-ci est intéressé à prendre la relève de son père lorsqu'il souhaitera délaisser le métier de meunier.
Historique général
Entre le 18e et le 19e siècles, de nombreux moulins sont construits le long de la rivière Bayonne. Le moulin A. Coutu est l'un des derniers moulins toujours en activité. Voici l'historique détaillé de ce moulin raconté par le comité Les Amants de la Bayonne : « En 1856, un moulin à carder et à fouler est construit sur cet emplacement par Pierre Gravel, marchand de Saint-Félix-de-Valois. La terre appartient à Pierre Charron-Ducharme qui a loué l'emplacement de 0,25 sur 1 arpent sur lequel est érigé le moulin, pour une durée de 99 ans. Georges Saint-Germain exploite le moulin à carder, de 1863 à 1894, puis le donne à son gendre Moïse Dalcourt, époux de Maria Saint-Germain. En 1901, Moïse Dalcourt vend le moulin à carder à Évangéliste Lépicier. En 1903, Israël Longpré, meunier de Saint-Félix-de-Valois, achète le moulin à carder et à fouler. En 1918, Israël Longpré vend la bâtisse à son fils Donat et apporte sa cardeuse au village. La même année, Donat Longpré commence l'exploitation du moulin à farine. Il ajoute un pignon à la bâtisse du moulin et il l'équipe d'une « moulange » de type Ogilvy. De 1924 à 1926, Félix Bellerose et Rosanna Coutu (soeur de Napoléon Coutu) seront les propriétaires du moulin. En 1926, Napoléon Coutu et Exilia Masse en font l'acquisition et le garderont jusqu'en 1959. Napoléon Coutu ajoute une petite voie ferrée, du hangar au moulin, et fabrique un bluteau pour séparer le son de la farine. En 1959, Napoléon donne le moulin à son fils Aurien qui maintiendra l'exploitation jusqu'en 1993. Il équipe son moulin de diverses machineries qui en font aujourd'hui un véritable musée ». (Les Amants de la Bayonne, 1999, La rivière Bayonne et ses moulins, p. 8-9). Au moment où Aurien Coutu quitte le moulin pour sa retraite, son fils, Alain Coutu, prend la relève et devient le meunier du moulin A. Coutu.