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Intérêt patrimonial
Sculpter le bois, c'est ce que sait faire André-Médard Bourgault, et ce, depuis plus de 40 ans. Il a appris le métier auprès de son père, un maître-sculpteur réputé, Médard Bourgault, de Saint-Jean-Port-Joli. La famille Bourgault, comptant plusieurs sculpteurs, et l’école de sculpture fondé par trois d’entre eux, ont instauré une tradition en sculpture en taille directe dans la région, qui perdure depuis plus de 75 ans.
Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire
André-Médard Bourgault s'investit comme artiste à temps plein dans la sculpture, le modelage, la transformation de bûches de bois, de manière artisanale telle que transmise par son père. Il travaille ainsi directement sur la bûche ou en fait des croquis. Dans le cas du bois laminé, il fait un dessin et colle son morceau de bois d'après ce dessin. L'essence de bois l'inspire aussi selon sa texture et sa couleur. Il avoue un penchant artistique pour les bois de couleur rosée. Il a une préférence pour le bois dur, comme le vinaigrier, l'érable, le merisier et le pommier. La couleur du bois l'inspirant parfois, Le bois provient en général de Saint-Jean-Port-Joli ou de ses environs. Au début, il créait des séries d’œuvres à la demande du public, par exemple des chemins de croix faits en compagnie de son père. Les œuvres d'art religieux ont toujours été présentes dans ses commandes. Aujourd'hui, son œuvre en tant qu'artisan du bois est très diversifiée. Il fait des reliefs, des portraits et d'autres œuvres sur commande. Ses œuvres sont généralement vendues directement dans son atelier où ces dernières sont exposées. Il est parfois arrivé que certaines de ses œuvres soient vendues dans un encan. Son atelier se trouve dans la maison de Médard Bourgault. C'est une ancienne chambre qu'il a transformée en atelier. Dans ce local, on trouve disposés les outils servant à la sculpture sur bois. Il a d’ailleurs hérité de la plupart de ceux de son père. À l'occasion, cet atelier lui sert à présenter des expositions. On y trouve des œuvres finies et d'autres en cours de fabrication. Trois de ses pièces sont actuellement exposées dans l'Artisanat Chamard à Saint-Jean-Port-Joli. D'autres sont au musée Boucher à Trois-Rivières.
Apprentissage et transmission
« La seule formation que j'ai eue en sculpture, c'est celle de mon père », c'est en ces mots qu'André-Médard Bourgault parle de son apprentissage de la taille des bûches. C'est aux côtés de son père qu'il apprend à manipuler la gouge et à maîtriser l'art de sculpter le bois. Dès son enfance, André-Médard Bourgault a vécu dans l'univers de la sculpture. Il entre très jeune dans l'atelier de son père aux côtés de ses aînés. Il commence alors son apprentissage par la fabrication des brocs, sorte de bols à salade en forme de feuille, pour « se faire la main », selon l'expression de son père. Comme il aime le répéter, il débute ainsi, non pas en haut, mais au bas de l'échelle. Il travaille longtemps en compagnie de son père à fabriquer des œuvres, s'attelant plus à la finition sous son regard attentif. De l'œuvre Médard et Fils, pendant ces longues années passées aux côtés de son père, André-Médard Bourgault a beaucoup bénéficié des conseils de son père qui l'encourageait ainsi à s'exprimer à travers la sculpture, mais surtout à faire preuve de précision dans la conception des œuvres. La transmission d'un savoir, celui de l'artisanat du bois, était ainsi assurée au fil des jours de père en fils. André-Médard a publié un livre sur son père. André-Médard Bourgault n'a pas transmis son savoir. Mais son œuvre en tant qu'artisan traditionnel du bois étant très appréciée, il aura peut-être inspiré bien des sculpteurs d'une manière ou d'une autre. André-Médard Bourgault n'a pas d'enfants à qui il aurait pu transmettre son savoir afin d'assurer sa relève. Modeste dans son expression, il estime qu'il n'a pas l'étoffe ou alors la vocation d'un formateur, car il ne maîtrise pas assez la pédagogie nécessaire à la transmission du savoir.
Historique général
Initialement nommé Traversy ou Langlois, ensuite Port-Joli, Saint-Jean et finalement Saint-Jean-Port-Joli, cette ancienne seigneurie s'étend le long du fleuve sur environ onze kilomètres. L'histoire de ce petit village est très liée aux Gaspé, la lignée de l'auteur des « Anciens Canadiens », Philippe-Aubert de Gaspé inhumé sous le banc seigneurial de l'église. Saint-Jean-Port-Joli est aujourd'hui reconnu comme capitale de la sculpture, et c'est grâce à Médard Bourgault qui y naît le 8 juin 1897. Jeune marin, il fait sa première sculpture à 18 ans. Son père ne l'encourageant pas dans cette voie, il fait de la sculpture sur bois un passe-temps, jusqu'à sa rencontre avec Marius Barbeau. En effet, à l'été 1929, Marius Barbeau, anthropologue au service du Musée National de l'Homme à Ottawa, visite la région et découvre un artisan de talent : Médard Bourgault. Marius Barbeau encourage fortement Médard à se consacrer pleinement à la sculpture sur bois. Médard suit ses conseils. Ses frères Jean-Julien et André se joignent à lui en 1931. Un peu plus tard, ils ouvrent la première école de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli subventionnée par le gouvernement. Médard fait un nombre impressionnant d'œuvres lui attribuant une notoriété au-delà des frontières québécoises. Médard Bourgault a formé bien des sculpteurs. Beaucoup de ses enfants ont fait dans la sculpture sur bois, dont André-Médard Bourgault. Né en 1941, ce dernier évolue dans l'univers de la sculpture sur bois, son père exerçant déjà comme professionnel. C'est donc un artisanat qui l'occupe pleinement depuis plus d'une quarantaine d'années. Ses pièces très appréciées ont été vendues dans un encan à Montréal à près de 3000 $, alors que généralement des encans sont une sorte d'hommage aux artisans disparus. Ces œuvres traduisent la sensibilité de l'artisan, notamment celle intitulée « Ton regard me rend triste », représentant une jeune fille les bras croisés qui fixe tristement le regard concupiscent de l'homme posé sur elle. Certains collectionneurs affectionnent ainsi son œuvre et possèdent plusieurs de ses pièces, suivant son évolution depuis de longues années. Bien qu'André-Médard Bourgault ait œuvré dans la continuité de son père, en sculptant le bois de façon encore très traditionnelle, il s'est toutefois forgé une personnalité propre. Ainsi, ce n'est plus exactement l'œuvre des années 1930 de l'époque de son père, offrant des scènes paysannes, mais l'innovation constante depuis les années 1970 au moyen de la sculpture figurative, axée sur le style contemporain. Ainsi, ses œuvres représentent plus les scènes et les personnages d'aujourd'hui.