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Intérêt patrimonial
Anne-Marie Bérubé Savard a acquis un répertoire de chansons traditionnelles auprès de son réseau familial. Elle le diffuse en participant notamment à des projets d’enregistrement de disques. Par le fait même, ces projets contribuent à la faire reconnaître pour ce savoir-faire.
Description de la pratique, du savoir ou du savoir-faire
Anne-Marie Bérubé Savard est détentrice de plusieurs chansons traditionnelles de type narratif, c'est-à-dire des complaintes, des chantefables et des récits chantés. Ces chansons lui proviennent de sa mère, de ses oncles et de ses tantes. Elle compte dans son répertoire des chansons comme Belle Jeanneton, La belle Germaine, Jeune officier, Le rossignol volage, Écoutez tous fillettes et garçons, La complainte des mineurs de l'Abitibi, La chanson des voyageurs et plusieurs autres. D’autres ne portent pas de titre. Les thématiques abordent souvent la guerre (souvent la Première Guerre mondiale), les départs et les retours déchirants, les meurtres, les viols, les vengeances, la difficulté de vivre et le temps de la monarchie. Quelques-unes sont un peu plus gaies, traitant par exemple d'amour, mais sont plus rares étant donné le contexte dans lequel elles ont été transmises. Si elle a été en contact avec un corpus impressionnant de chansons, Anne-Marie Bérubé Savard préfère avancer l'idée qu'elle n'en connaît qu'une dizaine. Elle les a d'ailleurs couchées sur papier par souci de les conserver. Elle peut en revanche entamer des bribes de plusieurs autres chansons. Ses chansons se chantent a capella. Elle est parfois accompagnée de la musique à bouche (harmonica) de son frère. Comme il s'agit de chansons tristes, elle les chante de moins en moins. C'est davantage les autres qu'on lui demande de chanter. Par exemple, elle se plaît à offrir au moment du dessert aux clients de son gîte à Baie-Sainte-Catherine en Charlevoix La chanson des voyageurs. On lui a aussi demandé de chanter dans des événements particuliers, notamment des enregistrements de disques de folklore québécois. À ce chapitre, elle participe au disque « Québec : chansons à rire et à pleurer. Voix du Québec » où l'on entend également les Charbonniers de l'enfer, Michel Faubert, Jean-Paul Guimond et autres. On peut également entendre sa version du « Jeune officier » sur le disque destiné à la France « Québec : voyage musical » qui en plus des artistes déjà mentionnés présente Gilles Vigneault, Édith Butler, Jean Desgagniés, Normand Legault, Emmanuel Cloutier entre autres.
Apprentissage et transmission
Anne-Marie Bérubé Savard a appris jeune à chanter. Elle écoutait sa mère chanter en l'aidant au métier à tisser et en déchirant des guenilles. Elle a aussi entendu sa tante Marguerite chanter ainsi que son oncle Isidore et d'autres membres de sa famille. Elle a donc constitué son corpus au fil du temps. Pour apprendre des chansons, la chanteuse affirme qu'il faut d'une part y être intéressé et d'autre part avoir une bonne mémoire et une bonne oreille. Sa fille, Ève Savard, est musicienne et chanteuse. Elle étudie en chant classique. Il faut dire que, comme sa mère, elle a baigné jeune dans un univers musical. Son père est aussi musicien (fait surtout du western). Comme sa mère a transcrit les paroles des chansons qu'elle connaissait entières, elle saura les chanter puisqu'elle en connaît la mélodie.
Historique général
Anne-Marie Sagard est née à Sagard en Charlevoix. Sa grand-mère maternelle est décédée tôt, laissant veuf son mari Jean-Baptiste Tremblay avec plusieurs enfants à s'occuper. Triste et mélancolique, il entonnait plusieurs complaintes et récits qu'il avait appris de sa tradition familiale. Sa fille, Gertrude Tremblay, participait beaucoup aux tâches de la maison et a appris les chansons. Elle continua à les chanter en présence de ses enfants, dont Anne-Marie Bérubé qui les apprit à son tour. Toute la famille est empreinte des chansons traditionnelles : ses oncles et tantes connaissaient aussi une part du répertoire familial et en ont aussi transmis à Anne-Marie Bérubé Savard. Son répertoire a aussi été constitué d'autres sources. Par exemple, La complainte des mineurs de l'Abitibi lui a été transmise par un de ses oncles paternels qui lui a rapporté cette chanson d'un voyage de colonisation en Abitibi.